mardi 18 septembre 2012

Je suis venue, j'ai vu, l'Espagne m'a vaincue

Bonjour à tous !

Ça fait maintenant plus de deux mois que mon Erasmus a pris fin et que je suis rentrée en Belgique, et je n'allais pas vous laisser sans un petit mot final.
Cette aventure de 5 mois a sans aucun doute été la meilleure de toute ma vie et je souhaite à tout le monde de vivre une expérience comme celle-là.

Un Erasmus, c'est comme une parenthèse dans une vie, comme un rêve qu'on vit éveillé. Un rêve dans lequel on oublie souvent d'où l'on vient pour s'intégrer dans un nouveau pays et apprendre à connaître et à vivre avec plein de personnes de cultures différentes de la nôtre. Un Erasmus, c'est un apprentissage presque continu, c'est une grosse remise en question de ce qu'était notre monde avant à cause d'une énorme ouverture sur les autres. C'est se rendre compte que tout ne tourne pas autour de nos amis d'avant (aussi géniaux soient-ils), et encore moins autour de notre ville d'origine ou du pays dans lequel on vivait avant ce grand déménagement. C'est se rendre compte qu'ailleurs, à des centaines voire milliers de kilomètres de notre vie, il y a d'autres personnes qui vivent, qui rient, qui pleurent, qui mangent (parfois des trucs très bizarres) et qui sont parfois aussi incroyables que les amis qu'on a chez nous. Des personnes qu'on attendait peut-être de rencontrer, sans le savoir. Ca parait con comme ça, mais je vous promets que c'est une putain de prise de conscience sur le monde. On ne s'imagine pas toujours que si loin, dans d'autres pays, il y a aussi des personnes qui nous correspondent et qui sont capables de bousculer notre vie, ou au moins quelques mois voire quelques années. Je savais que l'Erasmus allait changer quelque chose dans ma vie, mais jamais je ne me serais imaginé à quel point il allait tout bouleverser. Et si quelqu'un avait pû me prévenir avant, ça ne m'aurait pas déplu !

Certes, chaque expérience est personnelle et ce bref résumé de l'Erasmus n'est que la manière dont moi je l'ai vécu. Mais d'après ce que j'entends autour de moi, beaucoup sont dans le même cas que moi. Quoiqu'il en soit, je vois mal comment on peut rentrer indemne d'un Erasmus, copie conforme de ce que l'on était avant d'y faire le premier pas. Et, suite à toute cette prise de conscience, ce rêve éveillé qui se termine et les amis à qui on doit faire des au revoirs déchirants, la fin de l'Erasmus fait mal. En fait, au plus l'Erasmus aura été beau, au plus la fin fera mal. Et à moi, elle m'a fait très très mal. Dur retour à la réalité du quotidien.

Les premiers jours et semaines passées en Belgique ont été très durs. Retournée dans mon petit pays belge, qui a encore et toujours à l'étranger la réputation de ne pas avoir de gouvernement (comme quoi les bonnes nouvelles ne vont pas toujours aussi vite que ce que l'on pense), j'ai eu du mal à reprendre mes marques et beaucoup de choses m'ont paru vides et tristes.
D'abord, j'avais oublié à quel point le soleil n'existe pas en Belgique, et ça sérieusement ça m'a tué.
Ensuite, ça a été difficile pour moi de me retrouver dans une maison sans mes colocs (exception faite des 3 Hollandaises dont les vols fréquents de nourriture et le manque aberrant de respect et de savoir-vivre ne me manquent absolument pas). Plus personne pour venir me voir dans ma chambre et interrompre mon travail pour me raconter une connerie ou une histoire très sérieuse en espagnol, plus personne pour m'inviter à un ciné, des tapas ou une soirée, ou pour me motiver à sortir de chez moi à minuit.
Mes cokotteuses :).
En fait, vivre sans mes amis de là-bas a été très dur. C'est incroyable mais en Erasmus, comme dans tout autre type de voyage qu'on commence seul j'imagine, j'ai eu tendance à m'accrocher beaucoup plus (et plus vite) aux personnes que je rencontrais par rapport à d'habitude. Le fait de me retrouver seule loin de tous mes repères, et cela pour plusieurs mois, ça m'a forcé à créer des liens solides. Promis maintenant je ne me moquerai plus des candidats de Secret Story et autres télé-réalités qui deviennent meilleurs potes de-la-vie après 5 jours passés ensemble !
Et maintenant, j'ai souvent envie d'être avec ces personnes qui sont devenues si importantes pour moi pour partager ma vie avec eux. Et je ne vous parle même pas de toutes ces fois où, alors que je suis en train de faire quelque chose qui n'a rien à voir avec mon Erasmus, mon esprit s'évade et je vois apparaître devant mes yeux des images de lieux et des films de moments vécus à Salamanca, peu importe que sur le moment où je l'ai vécu, ces lieux et ces moments m'aient parus inoubliables ou tout juste ordinaires.

Aujourd'hui, ça fait plus de deux mois que j'ai quitté Salamanca et la vie que j'y menais. Et je traîne toujours un autre problème, qui ne s'est pas effacé depuis deux mois et qui ne s'effacera sûrement jamais : je veux vivre en Espagne. Ça fait des années que je suis amoureuse de ce pays mais il a fallu que j'y vive pour comprendre qu'il n'y a pas que la Belgique et le Brabant wallon pour vivre heureux. Je ne dis pas que je serais d'office bien plus heureuse en Espagne mais je vous promets que je pourrais l'être. Je ne dis pas non plus que j'irai y vivre toute ma vie, mais j'aurais aimé au moins essayer. Malheureusement ça reste un souhait car il y a une personne sans qui je ne peux pas partir, et celle-ci ne me donne pas son feu vert...
La plupart des personnes à qui je dis mon envie de partir y vivre me regardent avec une mine dépitée en pensant "la pauvre, elle ne se rend pas compte que ce qu'elle veut c'est vivre en Erasmus et non en Espagne". Je vous l'accorde, si je pouvais vivre en Erasmus pendant plusieurs années voire jusqu'à la fin de mes jours, j'irai sans hésiter.
Mais c'est la seule chose que je vous accorde. Bien sûr, je suis au courant que la plupart de mes amis rencontrés en Erasmus ne vivent plus en Espagne, ou plus à Salamanca. Bien sûr, je sais que là-bas tout n'est pas rose, que le travail n'est pas facile à trouver, qu'il faudra payer un loyer et se refaire des amis. Et alors ? Au fond, est-ce si incroyable de recommencer une vie dans un autre pays ? Les gens sont de plus en plus nombreux à le faire, et ils ont bien raison. Pourquoi s'acharner à vivre dans le pays qui nous a vu naître, juste parce que c'est notre pays d'origine, qu'on y a une famille, des amis et des habitudes bien ancrées ? Pourquoi rester toute sa vie à rêver de quelque chose juste parce qu'on n'ose pas franchir le pas, parce que peut-être que "ça ne se fait pas" pour certains d'"abandonner" toute une vie pour en construire une nouvelle ? D'ailleurs, il n'est pas question, de nos jours, de parler d'abandon. On ne plie plus bagage pour ne jamais revenir et de dire Adieu à toutes les personnes qu'on aime. (SURTOUT depuis qu'il y a Ryanair ;)).
Ma rue
En fait, après avoir vécu tant de choses aussi prenantes et incroyables en si peu de temps, j'ai parfois un sentiment de vide en moi. Mais surtout, depuis mon retour, je me sens souvent incroyablement loin. Comme si ma tête n'était plus ici, bien loin de tout ce qui se raconte dans les pages nationales des journaux. Je ne peux pas dire que ma tête est en Espagne, je ne peux pas mettre un nom sur l'endroit où elle est. Je sais juste qu'elle est loin.
Surtout que maintenant je me sens aussi beaucoup moins Belge... Les événements belges ne m'intéressent plus, et les problèmes politiques qui ne m'intéressaient déjà que moyennement avant mon départ, je ne veux même plus en entendre parler. Et je confronte de potentiels problèmes ici en disant simplement que si ça arrive "je m'en fous, j'irai vivre en Espagne !".
L'Espagne, avec son soleil, ses tapas (ou comment manger bon et pas cher), ses soirées dehors ou dans des bars "dansant" gratuits et sans aucune prétention. L'Espagne et cette habitude qu'ont les gens de sortir se promener à 19h juste pour voir du monde et de manger tard afin que la journée dure le plus longtemps possible.
Et puis aussi, je dois dire que le fait d'avoir vécu quelques mois dans une ville magnifique (ce qui ne m'était jamais arrivé auparavant), ça donne envie d'y rester :).

Je vous ai déjà montré beaucoup de photos de Salamanca, mais il y a une chose que je ne vous avais pas encore montrée : le bâtiment central de mon université, dans lequel j'ai eu cours d'espagnol plusieurs matins par semaine pendant 4 mois. Ce bâtiment est juste une tuerie, aucun bâtiment de l'UCL ne lui arrive à la cheville. Et étudier là-dedans, je suis sûre que ça donne plus de pêche qu'étudier dans des bâtiments qui ont moins d'allure...


Le couloir que j'empruntais chaque fois que j'allais en cours d'espagnol :).


 

"VICTOR", chaque doctorant a son nom peint sur un mur de l'université, en-dessous de ce signe.
 ... Je ne peux pas vous laisser sans vous montrer le patio intérieur, juste magnifique...

Et aussi, parce que je suis très amoureuse de la plaza mayor, voilà quelques dernières photos d'elle :

 
Je vous ai déjà montré des photos de cette place le soir, où elle devient encore plus belle qu'en journée selon moi. Mais parfois, elle se colorait pour certains événements...

En mars, pour la Saint Patrick, à l'initiative d'un étudiant Erasmus.
En mai, pour un spectacle de sons et lumières...

En juillet, pour supporter l'Espagne en coupe d'Europe... Et puis pour fêter sa victoire :).
 
Salamanca, ça a été 5 mois incroyables, fous et inoubliables. J'ai vécu des choses que je ne revivrai plus jamais. Je repars de là avec des souvenirs impérissables et, surtout, des projets plein la tête. J'y retournerai, c'est sûr et certain. J'espère de tout coeur que la fin de l'Erasmus n'est pas la fin de l'aventure.
Quoiqu'il en soit, si c'était à refaire, je le referai. 1000 fois. Jusqu'à épuisement. Si l'épuisement est possible.








 







"Comme si je quittais la terre. J'ai trouvé mon étoile, je l'ai suivie un instant."


 

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